Le Bureau National, ayant examiné et retenu les priorités proposées par le Conseil National célébré à Bangui du 10 au 13 mars 2010, détermine le plan d’action triennal de la Commission Episcopale « Justice et Paix » – Centrafrique[1]. Le plan triennal d’action est élaboré en mettant en exergue l’objectif général que la Commission s’est donné, en considérant et spécifiant les objectifs spécifiques qui caractérisent les trois années du projet pastoral prises en considération et en mettant en évidence la stratégie que le Bureau National veut poursuivre au fin d’atteindre les objectifs visés. Des corrélats financiers (budget triennal 2011 – 2013) sont également partie intégrante[2] du présent plan triennal d’action.
2. Objectif général.
Le premier objectif général c’est bien celui de reconstruire la structure de base de la CEJP : structures des adhérents au niveau paroissial avec la constitution des bureaux paroissiaux selon les indications contenues dans les Statuts et Règlement intérieur de la Commission, détermination des bureaux diocésains en utilisant la méthode démocratique prévue par les Statuts.
Les amendements aux Statuts et au Règlement intérieur que le Conseil national a votés et que la Conférence Episcopale Centrafricaine[3] à approuvés, sous le mode canonique défini « ad experimentum », donnent à la structure nationale de « Justice et Paix »[4] la possibilité de se constituer à partir des réalités locales (les Paroisses au niveau de l’administration mais aussi les secteurs pastoraux et les communautés de base au niveau de l’engagement effectif des chrétiens)[5].
Le Bureau National lors de sa séance ordinaire du 05 avril 2010 a approuvé l’ensemble des formulaires nécessaires à une bonne gestion administrative de l’Association. Ce n’est pas qu’une question de simple bureaucratie : depuis des longues années l’Association reprend son corps ecclésial et l’adhésion des chrétiens au projet de JP peut se faire explicite.
Il faut noter l’importance de ce fait parce que aussi au niveau du financement[6] de l’Association cela permet que les relations avec les partenaires nationaux et internationaux sortent – ce n’est qu’un début – de la complète dépendance (à la limite de la mendicité…).
Cela permet aussi de doter le Bureau National des outils nécessaires à son bon fonctionnement et déterminer une structure de relations avec les Bureaux diocésains qui puisse être à la fois mode de réflexion commune et moyen de transmission des informations utiles à la défense des droits de l’homme en Centrafrique.
C’est bien pour cela qu’il faut prévoir un ensemble d’investissement pour rendre la capacité opérationnelle du Bureau National et des Bureaux Diocésains plus performante.
Il est bon de distinguer dans cette recherche d’« outils nécessaires » dans deux domaines principaux.
Le premier se réfère à la recherche, le deuxième se réfère à des moyens physiques nécessaires pour la formation en théologie sociale qui est une des tâches fondamentales de la CEJP.
Lors du dernier Conseil National les Statuts ont été modifiés[7] (et les modifications approuvées par la CECA) de manière que la Doctrine sociale de l’Eglise devient un des critères d’approche aux différentes thèmes[8] qui concernent la justice et la paix, l’intégrité de la création et la défense des droits humains.
Une autre modification majeure est constituée par le fait d’avoir choisi la méthode du discernement pastoral[9]comme une des méthodes propres de l’Association.
Cela est important car, par les biais de cette méthode, la nécessité d’une réflexion interdisciplinaire est acquise au patrimoine de l’Association.
C’est en application de cette détermination (elle aussi approuvée par la CECA) que le Bureau National, lors de la réunion ordinaire du 5 avril 2010, a décidé la constitution d’un Comité interdisciplinaire pour la recherche sociale. Le travail de formation de ce comité est presque arrivé à sa fin et le commencement de la nouvelle année pastorale verra aussi le commencement des travaux du comité appelé à approfondir (selon des diverses compétences qui se trouvent dans ce comité à savoir : juristes, sociologues, anthropologues, philosophes, médecins et théologiens) les thèmes qui seront relatés dans ce plan sous le titre d’objectifs spécifiques. Il faut simplement signaler que l’activité de comité pourra toucher d’une manière importante l’activité de formation de la CEJP et cela soit par la participation aux rencontres de formation soit par la publication des textes et de brochures. Ce point spécifique sera repris en compte dans le « secteur » formation du présent plan d’action.
Le deuxième domaine est plus technique. Dans les corrélats financiers, joints et partie intégrante de ce plan triennal d’action 2011 – 2013, on met en évidence trois « secteurs » dans lesquels la CEJP veut acquérir les moyens nécessaires.
Le premier « secteur » est celui de la constitution d’une bibliothèque spécialisée. Elle sera mise à la disposition des adhérents (mais on vise d’une manière particulière des étudiants universitaires car l’Université de Bangui est très proche du siège de l’Association) des livres sous format électronique. Les textes déjà complètement numérisés sont des centaines et l’investissement se réfère donc à l’acquisition d’un ordinateur, éventuellement d’une mémoire externe (2Tb) et d’une imprimante. Les frais de fonctionnement du bureau, déjà pris en compte dans la dépense courante, permettent de gérer la disponibilité de la bibliothèque sans besoin de salaires supplétifs.
Il est bien vrai que une activité pareille serait plutôt de compétence de la Commission Diocésaine JP de Bangui mais, au moment présent, la Commission Diocésaine « Justice et Paix »[10] de Bangui ne dispose pas des structures adéquates à l’installation du projet visé : toujours est-il que, quand la CDJP aura la structure adéquate le service peut être cédé sans aucun problème ; penser dans la perspective de la synergie entre les niveaux national et diocésain c’est prendre en compte, sérieusement, la dimension ecclésiale de l’Association.
Il faut signaler que l’acquisition d’un patrimoine bibliothécaire de ce type – et par rapport à des textes qui sont l’unique exemplaire en RCA – est fait de manière gratuite.
Le choix opéré dans l’élaboration des corrélats financiers de ne pas signaler cette activité dérive d’abord du fait de la vraie gratuité de l’activité même et du désir de sortir du « schéma restitutif » qui voit la participation locale comme partie d’un projet finalisé à l’acquisition des fonds extérieurs.
S’il est vrai que les Partenaires ont le droit de s’assurer de la correcte utilisation des fonds octroyés (mais il serait mieux de dire : partagés) cela ne justifie pas la falsification de la charité de ceux qui, par l’engagement à la faveur de leur église veulent progresser et aider l’Eglise même et le Pays à se développer.
Le deuxième investissement est relatif à l’achat d’un projecteur qu’on pourra utiliser lors des formations.
Le troisième investissement concerne l’acquisition d’un appareil photographique numérique et d’une photocopieuse de manière à gérer en économie la production du bulletin de la CEJP et donc à faire baisser les dépenses ordinaires de l’Association.
Nous sommes convaincus que la qualité des outils envisagés témoigne du vrai désir de service qui habite la CEJP.
Ce service, il est bon de le souligner, est de double type : la défense des droits humains et l’activité de formation.
La détermination à propos de l’activité de formation constitue le corps du chapitre successif à savoir la détermination des objectifs spécifiques.
Pour ce qui concerne cette dimension, et en communion avec les indications du Saint-Siège qui demande à l’Eglise centrafricaine de travailler davantage dans le « domaine » de la pastorale familiale, la CEJP, pour instaurer une culture de justice et paix qui touche la structure de base de la société qui est la famille, considère la formation qui a comme sujet la famille un objectif général de son activité dans les trois ans à venir.
La redynamisation de la structure CEJP requiert que les Bureaux diocésains soient mis en mesure de faire des formations au niveau des paroisses sur le thème fondamental qui est celui du droit de famille.
La formation doit considérer, et cela d’une manière particulière, le droit de la femme et des enfants ce qui revient à viser la situation, d’une manière particulière, des veuves et des orphelins.
Cette formation sera axée, selon la proposition de Pères synodaux, sur la Doctrine sociale de l’Eglise. La réflexion théologique et l’enseignement du Magistère ecclésial seront transmis dans des formations dans lesquelles les données des sciences humaines (sociologie, anthropologie, droit etc.) seront assumées selon une perspective interdisciplinaire.
3. Objectifs spécifiques
Le Conseil National a déterminé les thèmes et les priorités pour les prochaines années et il a confié au Bureau National la tâche d’organiser ces objectifs dans un programme triennal.
C’est pour cela que le Bureau National, examiné les thèmes et les priorités définit par le Conseil National, détermine les objectifs spécifiques comme suit :
Le fait des élections présidentielles et législatives pousse le Conseil National, et le Bureau National, à prendre en charge des formations qui ont pour thème les élections[12].
Le thème plus vaste de l’éducation civique et de la bonne gouvernance[13] doivent trouver des espaces et des possibilités de formation dans tous les Diocèses.
Des formations dans les Diocèses sont donc à envisager.
La formation est toujours axée sur deux modes principaux : les sessions de formation auxquelles participent les responsables qui, aux différents niveaux, assurent la formation de base et la production de textes et des brochures. Ces publications seront mises à la disposition (c’est-à-dire vendues) à toutes les personnes qui désirent se former.
Le Bureau National a approuvé le nouveau texte du « Guide de l’électeur » qui est maintenant en production (diffusion). Cela permet de souligner que cette activité a normalement comme partenaires les Organisations internationales (gouvernementales et non gouvernementales) qui appuient cette production. Le fondement de cet aide est la correcte structure scientifique des outils pour la réflexion et la formation qui sont produits.
Il est toujours important que la production scientifique et de divulgation de la CEJP garde toujours ces standards de fiabilité.
b) Objectif à moyen terme (2011 – 2012)
Thème de conflit. (D’une manière spécifique est envisagé le conflit entre agriculteurs et éleveurs).
Thème de l’illégalité. (D’une manière spécifique est envisagée la question des barrières illégitimes qui bloquent le développement du Pays).
Le thème de l’illégalité c’est la naturelle suite aux thèmes pris en considération dans le travail à faire à court terme : l’éducation civique s’ouvre à considérer les obstacles posés au développement durable tels que les barrières illicites utilisées pour accabler la population et extorqué de l’argent aux citoyens.
Le thème des conflits et de la violence est un thème majeur dans notre Pays. Il peut être considéré selon deux différentes perspectives : la première prend en compte les conflits quotidiens, ceux qui relèvent du combat pour avoir les moyens nécessaires à une vie paisible pour soi et pour sa famille et qui surgissent à cause de la possibilité d’utiliser différemment les biens disponible dont l’exemple plus clair est donné par le conflit agriculteurs/éleveurs ; le deuxième se réfère à une insécurité majeure et grave qui frôle la possibilité du conflit armé : des suites du DDR et des autres situations de danger (LRA entre autres) peuvent et doivent être pris en considération par rapport à ce thème.
L’action du Bureau National sera donc axée sur la formation relative à ces thèmes. L’objectif plus général des la défense des droits de l’homme doit être envisagé.
Dans l’année 2011 sera prévue une formation au niveau national à l’intention des représentants des diocèses (Conseil National) qui aura pour thème la question de la légalité et les autres moyens pour la résolution des conflits[14].
Ladite formation devra considérer les propositions des Pères synodaux et, en concret, les solutions (et d’abord les réflexions) que autres Eglises (exemple : le Tchad) peuvent nous partager.
Une formation dans chaque Diocèses doit être aussi programmée sur les mêmes thèmes.
Le thème confié par le Conseil National au Bureau National qui requiert plus de préparation et qui donc peut être « mis en œuvre» dans la dernière période de responsabilité du Bureau National qui vient d’être élu est celui de la sorcellerie.
Ce n’est pas question de se borner aux simples données juridiques (Code Pénal centrafricain, articles 149 – 150) car la tractation de ce thème requiert d’abord un travail interdisciplinaire qui seul est capable de comprendre à leur juste mesure les attentes et les difficultés que les accusations de sorcellerie manifestent.
La formation, au niveau national, en 2012, aura ce thème comme sujet de réflexion.
Les formations à dispenser dans chaque Diocèse auront le même thème.
Pour ce qui concerne ce thème le travail de formation s’avère partiel et insuffisant autant que la « situation juridique » du Pays reste bloquée dans la perspective actuelle. C’est pour cela que le Bureau National envisage, selon les indications contenues dans les propositions des Pères synodaux[16], de commencer une activité de « plaidoyer qui puisse influencer les membres du Parlement »[17].
Le souhait qu’on peut formuler c’est que le comité interdisciplinaire puisse travailler sur ce thème et donner des indications qui concernent la gestion culturelle des difficultés qui sont liées à ce thème.
4. Stratégie
Le Conseil National a plusieurs fois rappelé que les possibilités concrètes de travailler sont données aussi par une structure de gestion de l’argent qui soit fiable.
Il est question d’abord de (re)mettre en place la « communication des cotisations » comme premier pas pour l’accès aux financements que les bailleurs de fonds au niveau international peuvent octroyer (partager).
La vérité de l’autonomie financière devient motif pour des relations aves les bailleurs de fonds qui peuvent s’inscrire dans le registre de l’échange (ou bien de la réparation) et non pas de la mendicité.
L’ouverture horizontale de la structure des financements a été souhaitée et décidée par le Conseil National : le Bureau National est donc engagé à devenir lieu de coordination pour le financement des Bureaux Diocésains.
La synergie des capacités et compétences formatives trouve dans la synergie « économique » un élément non secondaire.
Il faut souligner l’importance de la contribution ecclésiale à l’activité de la CEJP.
Cette contribution ecclésiale peut avoir plusieurs visages : la contribution que les toutes les églises catholiques du pays peuvent envoyer selon le système dit de la « quête impérée », la prise en compte, d’une manière systématique, des participations locales lors des formations dispensées, les dons divers à partir du choix des membres du Bureau National d’attribuer à la caisse de l’Association partie des per diem qui reçoivent lors de participations aux formations au dehors de l’Association.
Il est bon de reprendre ces « visages » et de les approfondir.
La proposition de l’institution, dans tous les diocèses centrafricains, d’un dimanche de prière et de contribution pour JP a déjà été présentée et examinée par la CECA. Le temps de réflexion et de décision suggère d’assumer dans les corrélats financiers ces recettes seulement à partir de l’année 2012.
La confiance que le nouveau Bureau National a su susciter a déjà produit une augmentation des dons divers que l’Association a reçus. C’est un signe important de l’appréciation de l’activité de Bureau National. Un signe de doit être « coordonné » avec une gestion correcte des participations locales et de l’aide que nos Partenaires internationaux nous partageront.
La perspective pluridisciplinaire est aussi un élément stratégique essentiel.
Cela ne doit pas faire oublier que la dimension juridique est importante dans le service de Justice et Paix ; cela est d’autant plus vrai que la « mise en fonction » des structures locales portera la CEJP à se confronter avec le besoin d’assistance judiciaire pour les responsables locaux. La dimension spécifiquement juridique devra se confronter avec ces problématiques.
Cette problématique pourra trouver dans le temps d’exécution du plan triennal seulement des amorces de réflexion et de solution. La question se réfère au service d’assistance judicaire pour les Diocèses, les Commissions Diocésaines de JP et aux membres du Bureau National. On pourra envisager des conventions avec des avocats chargés de différentes zones.
Cela montre, avec évidence, qu’un élément stratégique fondamental est la relation entre les Diocèses et les services centraux de l’église centrafricaine.
5. Conclusion
Pour conclure la formulation de ce plan triennal d’action de la CEJP il est suffisant de souligner comme la dimension ecclésiale est la dimension fondamentale de notre service pour la Justice et pour la Paix.
[5] On peut voir la nouvelle formulation de l’art. 8 du Règlement intérieur de la CEJP.
[6] On peut voir dans les corrélats financiers joints le chapitre 1.1 « Recettes ».
[7] Voir : art. 4 alinéa 5 des Statuts de la CEJP.
[8] Voir la proposition 18 du Synodus Episcoporum, II Coetus specialis pro Africa, Elenchus finalis propositionum, in II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synodes des Évêques, Message et Propositions, edb – Editions Don Bosco, Yaoundé 2009, pp. 38 – 39.
[9] Voir l’art. 5 alinéa 3 des Statuts de la CEJP.
[11] Synodus Episcoporum, II Coetus specialis pro Africa, Elenchus finalis propositionum, in II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synodes des Évêques, Message et Propositions, cit., voir la proposition 25, dernier alinéa, p. 45.